A l’approche de notre transfert vers les régions exotiques de l’Asie du Sud-Est, notre voyage à vélo ralentit, mais la découverte des grands centres urbains turcs s’intensifie. Une petite préparation à la vie bouillonnante de la capitale thaïlandaise !
Bursa
Nous arrivons à Bursa à 5h du matin, à l’issue d’une nuit courte et fragmentée. Nous remontons les vélos, puis buvons quelques çay (thé) à la gare routière en attendant les premières lueurs du jour.
Les températures sont beaucoup plus clémentes qu’en Cappadoce, et bien qu’un peu engourdis, nous profitons d’un beau moment en roulant au réveil de la ville. Des ribambelles d’enfants sortent dans les rues pour aller à l’école, et leurs parents ouvrent leurs commerces ou partent au travail.
Bien que la ville soit peuplée de plus de 3 millions d’habitants on s’y déplace plutôt facilement à vélo. Longtemps surnommée “Bursa, la verte” la ville est dotée d’un grand nombre de parcs et d’un joli réseau de pistes cyclables. Mais, Bursa c’est aussi l’épicentre des industries européennes délocalisées, dont Renault qui y a installé une très grande usine en 1969.
Workaway chez Ezgi & Emrah
Le lendemain de notre arrivée à Bursa, nous sommes accueillis en “Workaway” dans la famille d’Ezgi (la maman), Emrah (le papa), Deniz (8 ans), et Demir (4ans). Ils habitent à environ trois heures de vélo du centre, dans les beaux quartiers de Bursa. Leur accueil fut tout simplement exceptionnel, et bien que nous nous sentions un peu gênés au début, ils ont très vite su nous mettre à l’aise.
Le principe du “Workaway” est d’être nourris et logés en échange de quelques heures de travail par jour. Dans notre cas, notre mission s’est limitée à aller chercher les enfants à l’école, à échanger avec eux en anglais, et à préparer quelques repas.
Mais au-delà du cadre “formel” de cette rencontre, nous nous sommes rapidement liés d’amitié, et avons partagé des belles discussions, des parties de Backgammon, des découvertes culinaires, et des balades à Bursa.
Pour l’occasion Timéo a été scolarisé une journée dans l’école de Demir et Deniz. Une expérience qu’il a appréciée, malgré l’isolement linguistique. C’est probablement une expérience qui élargit sa zone de confort.
J100 et encore toutes nos dents
Après une petite semaine de Workaway, l’itinérance à vélo nous manque déjà fortement. Nous nous offrons donc un petit détour d’une étape par le petit village Tirilye, avant de rejoindre Mudanya et le ferry qui nous emmènera à Istanbul.
Les collines que nous parcourons sont très animées par la récolte et la transformation des olives. Chaque famille semble avoir son lopin d’oliviers, qu’elle s’occupe de récolter en journée, puis de calibrer sur des petites machines domestiques (situées en partie basse des habitations de Tirilye) le soir venu. Une partie des olives est ensuite envoyée dans des petites usines de transformation locales pour faire de l’huile ou de la tapenade.
Nous avons eu l’occasion de visiter l’une de ces chaînes de production, et d’observer le circuit fascinant des olives depuis leur lavage, jusqu’à la fontaine d’huile qui déverse en continu des litres d’une huile vertes presque fluo.
Les enfants sont toujours fascinés par ces petites industries dont la Turquie regorge. C’est chaque fois un bon prétexte pour introduire des notions et développer leur curiosité sur ce qui les entoure.
Istanbul – Kadiköy
A Istanbul nous avons trouvé une petite maisonnette de plein pied (pour pouvoir y rentrer les vélos que nous allons packer pour le vol). Notre quartier est très sympa, en périphérie de Kadiköy, proche des petits commerces, cafés, et d’un super réparateur de vélos qui nous a trouvé des cartons de bonne taille.
Les maisonnettes sont ici joliment décorées, et des fresques de plusieurs dizaines de mètres de haut habillent les façades borgnes des immeubles.
Dimanche matin, une petite vingtaine de personnes installe des tapis juste devant notre maison (petite rue piétonne) pour une activité entre la gym et le yoga, puis une trentaine de minutes plus tard, ça tourne en danse synchronisée (genre de zumba orientale très dynamique). L’ambiance est sympathique et on s’invite rapidement à participer : un bon cours de motricité pour les enfants ! (laurent & Timéo sur la photo, vous pouvez rigoler c’est cadeau 😉
Cette partie de la ville a décidément une belle ambiance de village.
Chain Breaking Women
Alors que nous nous rendons chez notre réparateur de vélo (ouvert le dimanche), sa compagne sort de la boutique, et nous questionne sur notre voyage.
Le vélo a été le point de départ pour créer son association “Chain Breaking Women“, dont le but est d’aider les femmes victimes de violences en “brisant les chaînes” (du silence, de l’inactivité et de la solitude). Ainsi, elle propose aux femmes de rejoindre l’association pour apprendre à pédaler, et par ce biais-là s’émanciper et devenir plus fortes.
L’association prend rapidement de l’ampleur, et moins de trois ans après son lancement, elle compte 150 ambassadrices (qui apprennent aux femmes à faire du vélo), et plus de 6000 femmes accompagnées dans Istanbul et d’autres villes de Turquie.
Nous avons eu un super moment d’échange entre filles (Timéo et Papa étant restés à la maison), et Eglantine a laissé un p’tit dessin sur le mur d’écriture du local de l’association. Plus d’infos : http://chainbreakingwomen.org/
Un sinistre événement
Dimanche après-midi, nous avions prévu une promenade dans “l’Istanbul moderne”, depuis la place Taksim jusqu’au pont de Galata, en passant par l’avenue İstiklal. En sortant du métro, nous tombons sur des gens qui semblent fuir, puis un policier nous bloque vigoureusement le passage, et nous comprenons “bomba…” dans le charabia turc qu’il déblatère aux badauds un peu perdus comme nous.
S’en suit un ballet de véhicules de secours et de police, des hélicos qui scannent les quartiers attenant, puis les premières informations tombent : des blessés, des morts, et suspicion d’attentat.
Les enfants se questionnent sur la situation, et Timéo qui commence à comprendre quelques mots de nos échanges avec les passants, comprend vite la situation. L’ambiance est un peu anxiogène, et les autorités semblent redouter des “répliques”, les transports en commun sont donc fermés.
Nous regagnons notre quartier à pied, puis en traversant le détroit du Bosphore en bateau, le temps d’expliquer et de dédramatiser la situation auprès des enfants. Ils retrouveront heureusement vite leurs jeux, préoccupations, et chamailleries d’enfants.
Istanbul bientôt fini…
Malgré tout, nous avons adoré Istanbul… son cosmopolitisme bienveillant, ses rues animées, ses odeurs qui assortissent terre & mer, ses mouettes virevoltant jours et nuits, sa petite brise qui rend l’air pur, sa diversité d’ambiance et de quartier, son équilibre précaire entre modernité et traditions orientales, ses chats et ses chiens…
Dans quelques jours nous violerons notre philosophie de voyage, pour continuer à pédaler malgré la saison hivernale. Nous repensons à Peter (cf. S-03), qui d’un ton très british avait prophétisé : “the soul doesn’t travel as fast as a plane”. Espérons qu’elle ne s’attarde quand même pas trop en chemin, car nous en aurons besoin pour aller à la rencontre des divinités indoues !
D’ici là il nous reste à “packer” les vélos, ce qui ne sera pas une mince affaire. Mais nous avons déjà trouvé cartons, cellophane, et couches bébé pour assurer le meilleur confort aux parties sensibles de nos montures. Et une fois n’est pas coutume, concluons l’article par une petite citation révélant la place historique d’Istanbul dans le monde :
“Si le monde était une nation, Istanbul en serait la capitale” – Napoleon Bonaparte
P.S. : spéciale dédicace à Caroline Delerue ->
“Citerne Basilique”, réservoir souterrain de 33 000 m3, construit par les romains au VIéme siécle
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3 063 km
Istanbul, Mardi 15 Novembre – 15h24, 24°C
Bonsoir contente que tout va bien , nous avons pensé fort à vous quand nous avons entendu qu il y avait eu un attentat à Istanbul. Chez nous l hiver commence à arriver. Toujours un plaisir de lire vos récits. Bonne soirée à vous 4.
Merci pour ton message, ça fait bien plaisir !
On pense à vous, depuis la Thaïlande où il fait 32 degrés 😉 !
Quel voyage... ce dernier récit est posé, un ralentissement qui laisse du temps au temps. Comme si ce voyage trouvait un rythme nouveau. Nourrit par cette nouvelle culture.
Partir en Asie pour de nouvelles aventures doit être étrange après autant de cheminements sur vos vélos. Bangkok vous attend. Profitez bien de TOUT.
Que d’aventures !!
Laurent, ce costume te va à merveille!
Salamalecoum!
Que vous êtes beaux tous les quatre! Merci pour les photos spéciales dédicaces 😘 on dirait que vous posez pour Delacroix!
Votre petite maison d'Istanbul est bien jolie, gardez vos adresses si on veut rouler sur vos traces...
Merci pour le partage de votre aventure qui réchauffe le cœur, nous fait découvrir d'autres cultures et nous permet de penser que le rapprochement des peuples est possible. Bises à tous les quatre
Contente de voir que vous avez ralenti avant de changer de continent. Le voyage n'a pas manqué de densité ! Bienvenus en Asie, les retrouvailles ont l'air de bien vous occuper. 😉
Coucou Jessica,
On a bien ralenti le rythme effectivement, l'occasion de se poser un peu, et visiter des villes comme on en avait encore jamais vues. Bangkok est particulièrement étonnante, et on prend le temps de découvrir ses contrastes et tâter le pouls de cette fourmiliere géante en famille (élargie).
Mais le vélo commence sérieusement à nous manquer ! On se remettra en selle dans quelques jours...
Magnifique pause bien méritée avant d'entamer une nouvelle étape de voyage. On a hâte de vous lire pour la suite ! Ça promet beaucoup de nouvelles choses (culture, paysages, goûts, odeurs, ambiance...)! Des gros bisous
On attend des nouvelles de la Thaïlande.
Grosses bises à vous 6
Hervé