Comme une parenthèse dans notre périple, nous nous sédentarisons temporairement dans la campagne victorienne. L’opportunité de scolariser les enfants, de travailler de nos mains, et de retrouver provisoirement un rythme hebdomadaire.
Arrivée en Australie
Nous arrivons en Australie sous des températures estivales. Les premiers australiens que nous croisons sont cordiaux et engagent volontiers la discussion. Paul (notre hôte Workaway) est venu nous chercher à l’aéroport avec sa remorque pour charger nos énormes cartons de vélos. Nous nous retrouvons donc parachutés dans la campagne, à 90 minutes au nord-ouest de Melbourne, et très vite la sensation des grands espaces est là. Le bush nous dévoile des paysages collineux où s’entremêlent : magnifiques forêts d’eucalyptus, pâturages et fermes.
Quelques heures après avoir mis le pied sur le sol australien, nous observons déjà quelques kangourous venus brouter, au couchant, dans le jardin de Paul et Jennie. Pas de doute le dépaysement est bien là ! Nous réaliserons quelques jours après notre arrivée, combien les changements sont nombreux par rapport à l’Asie du Sud-Est : l’absence de scooters (omniprésents en Thaïlande), plus de street-food, et les villages un peu hirsutes aux accents bouddhistes ont laissé place à des villages proprets aux airs british.
Nous sommes aussi rapidement marqués par la prolifique “wildlife” australienne. La faune, peu farouche, recèle un bestiaire très exotique : grands oiseaux rouges, bleus, jaunes… et bien sûr des mammifères incongrus : wombat, opossum, koala…
Accueil Workaway
Paul et Jennie nous avaient contactés il y a quatre mois pour nous inviter à vivre un échange Workaway chez eux. Ce couple d’enseignants à la retraite était intéressé par l’idée de recevoir une famille française, et notre profil de voyageurs les a séduit. De notre côté nous avions envisagé ce type d’échange pour : pratiquer l’anglais, partager une vie quotidienne locale, mais aussi pour se sentir utile (au cours d’une année durant laquelle nous sommes essentiellement consommateurs de nouvelles expériences). Leur message nous a tout de suite enjoué, et nous avons très vite identifié l’opportunité de scolariser les enfants.
Leur accueil fut incroyable, et ils ont tout fait pour que nous nous sentions vraiment chez nous. Il habitent une belle et grande maison d’architecte, perdue (mais pas trop) au milieu du bush. Probablement pas représentatif de l’australian way of life, Paul et Jennie sont végétariens. Mais la cuisine de Jennie est si variée, goûteuse, et gourmande qu’elle pourrait convertir un boucher à son régime ! Bref, n’allez pas croire que l’absence de viande et les travaux physiques suffisent à garder la ligne, nous avons repris quelques kilos.
Rentrée scolaire pour les enfants
Nous envisagions d’inscrire les enfants à l’école publique via un programme d’intégration temporaire “d’étudiants internationaux”. Mais les délais des formalités administratives s’avèrent plus longs que prévu, et nous sommes contraints de revoir nos plans. Paul nous aide alors à contacter les écoles privées, dont une école bouddhiste et une petite école catholique. Cette dernière nous répondra tout de suite positivement, nous réservant un accueil hyper chaleureux, et permettant l’inscription des enfants le vendredi pour le lundi (avec des frais de scolarité quasiment nuls et uniformes fournis).
Eglantine dépassera petit à petit l’appréhension des débuts, puis la normalité d’un quotidien scolaire s’installera. Timéo ayant quelques bases d’anglais (acquises sur le vélo) sera quant à lui rapidement à l’aise pour échanger avec la maitresse, les copains, Paul et Jennie. Il aura en revanche plus de difficultés avec le “Cricket”
Visite de Melbourne
A peine l’inscription “informelle” actée avec l’école, nous partons en week-end à Melbourne. On a à cet instant un peu l’impression d’être en vacances aux frais de la princesse, accueillis comme des hôtes VIP (mais on aura par la suite l’occasion de nous rendre utiles).
Melbourne est une ville vraiment sympa. Elle a quelques points communs avec Londres : son cosmopolitisme et son urbanisme hybride entre vieux bâtiments en briques et gratte-ciels modernes en verre.
Séjourner dans une grande ville c’est pour nous synonyme de longues marches pour arpenter, observer, sentir les pulsions qui l’animent. Et Melbourne regorge de vie et d’ambiances variées : depuis la magnifique bibliothèque historique, jusqu’au grand marché populaire “Queen Victoria”, en passant par le quartier Chinatown, les quais et les ruelles de street-art… le tout il faut bien l’avouer, dans une ambiance parfois proprette, très “safe”, et plutôt cossue.
Hard working
Dans le cadre du Workaway, nous aidons Paul à accomplir des travaux sur leur propriété. Le projet principal durant notre séjour fut la construction d’un mur en pierres sèches d’1m de haut sur 25m de long. C’est plus qu’appréciable de travailler de ses mains et de voir à vue d’œil l’évolution de l’ouvrage. Et l’activité requiert à la fois : force physique, sens de l’observation, et réflexion. Certaines pierres pèsent une centaine de kilos et doivent être déplacées à l’aide du tracteur et de la barre à mine. Des pièces maitresses que l’on imagine déjà traverser les siècles…
Dans la série des matériaux nobles, on a aussi pu s’adonner au plaisir du bucheronnage. Trois énormes eucalyptus ont été abattus par une équipe pro ; puis nous avons déplacé, débité et rangé des rondins avoisinant parfois le diamètre d’un mètre. L’occasion de s’essayer au plaisir de la fendeuse, machine merveilleuse à la puissance herculéenne !
Dans la catégorie des produits moins nobles, on a aussi fait du “poisoning” pour tenter d’éradiquer les “blackberries”. L’opération consiste à couper la plante à la racine, puis, armé de long gants rouges de chimiste, pulvériser un “pschit” de produit peu recommandable… Pour la petite histoire, les blackberries ont été importées par un colon anglais pour agrémenter son jardin et se sont ensuite propagées comme le feu sur la poudre dans l’ensemble du continent. Les douaniers sont aujourd’hui très sensibles à ce sujet, nous avons ainsi été questionnés sur le nettoyage de nos vélos (pour éviter les contaminations par des semences exogènes).
L’équilibre temps de travail / temps de repos se fait assez naturellement, et bien que nous travaillons activement on a l’impression d’avoir beaucoup de temps libre.
Daylesford
La ville où les enfants sont scolarisés s’est développée il y a 150 ans, lors du “Golden Rush”. Si à l’époque les conditions de vie des prospecteurs n’étaient pas des plus faciles, la petite bourgade reçoit aujourd’hui une population plutôt aisée de Melbourniens pour le week-end, et des retraités venus s’installer au vert.
A l’image de l’Australie en général, Daylesford s’affiche fièrement comme “gay friendly”. Le plus important festival/gay-pride de l’état de Victoria y est ainsi organisé début mars. L’événement semble mettre tout le monde d’accord, y compris l’instit de l’école catho qui demande à Timéo s’il y passera durant le week-end (il existe ici des mouvements “LGBTQ” catholiques…). Peut-être est-ce là les traces de la philosophie libérale anglo-saxonne ?
Daylesford c’est aussi un joli petit lac, un mobilier urbain au charme début XXème, des jolies petites maisons au look british, des centaines de mines d’or abandonnées, des pubs avec des concerts de music live, un parc avec de magnifiques arbres centenaires….
Une vision australienne…
Le fait de partager notre quotidien avec des résidents nous permet de comprendre plus rapidement la réalité australienne. Parmi les nombreux échanges que nous avons avec eux, nous abordons le triste sort des Aborigènes. Malgré les démarches de “repentances” et les tentatives d’accompagnement social par les autorités (qui incarnent peut-être encore les colons blancs), les communautés se noient en partie dans l’alcool et les violences internes. Mais cette réalité est éloignée de notre région, plutôt présente dans l’état “Northern territories” à plusieurs milliers de kilomètres de là..
Nous sommes par ailleurs surpris de constater à quel point nos hôtes adorent la France et sa culture. Paul nous explique que ce qu’il aime en Europe et en France en particulier, c’est la profondeur historique et culturelle. C’est un peu la carence australienne selon lui, le pays est jeune et manque parfois d’un terreau historique structurant la culture et l’identité du pays. C’est peut-être aussi ce qui explique le côté “casual”, “no worries”, “relax” et sans chichi des australiens, mais aussi leur ouverture d’esprit…
Suite
Bientôt nous quitterons notre cocon douillet pour nous confronter à nouveau au monde, à ses beautés et ses aspérités. Le samedi 18 (ou dimanche 19) nous réenfourcherons nos vélos en direction de la Great Ocean Road, puis de la Tasmanie. Nous avons en effet revu nos plans pour éviter de longues sections d’autoroute sur la partie Melbourne / Sydney et profiter de cette île du bout du monde qu’il nous tarde de découvrir.
——- Melbourne ——-
—— Workaway ——
——- Daylesford ——-
——- Week-end à Geelong ——-
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5 489.9 km
Hepburn (Daylesford), Mardi 14 Mars – 21h51, 22°C
Waouh magnifique périple merci pour ces partages écritures et photos permettant de découvrir un peu votre voyage. C est fantastique et quand je lis les posts je m'évade.....🥰❣❣
Amitiés
Bises à Timéo et Eglantine
Nadine une amie de Paquerette
Toujours très sympa de vous lire et de vivre le voyage avec vous !
Prêle formée à la maitrise de la pierre (à coup de pelleteuse), Laurent formé à la maitrise du bois (à coup de fendeuse), j'en connais qui réfléchissent déjà à leur reconversion en construction de chalet ça complète la formation en second oeuvre avec la sculpture du bois en thailande !
Continuez à bien profiter ! et Bon vent (dans le dos) pour la Tasmanie !
Quelle sacrée expérience ! Et quel récit intéressant ! Nous voyons bien - et les images l'illustrent bien - que vous avez totalement changé de contrée, et de mode de vie. Drôle de concept : les vélos au repos, les enfants à l'école, les pieds sous la table mais les muscles au travail. Merci et bravo pour ces vies (hôtes, écoliers et kangourous compris) de l'autre bout de la terre.
Vous voilà repartis sur les routes, à l'heure de renouer avec des températures moins estivales, en direction du Sud, donc de l'hiver. Encore de nouveaux horizons à découvrir. Cramponnez vous face au vent. Bravo et bonne continuation à vous tous !
J'oubliais : je trouve formidable l'expérience vécue par Timéo et Eglantine à l'école australienne, en anglais et avec des enfants de leur âge. Ils ont fait preuve d'une grande capacité d'adaptation. Bravo à eux. Bravo aussi à leurs parents pour la qualité du travail réalisé ! Dès votre retour en France je vous réserve un créneau pour un mur de pierres sèches chez nous. C'est super beau !
Sinon aussi, bien contente de voir à nouveau la balise clignoter et avancer, en bleu sur le suivi carto ! On a l'impression de vous voir pédaler.
Mais que c'est beau ce travail d'Hercule que vous faites!! Le mur est magnifique! On découvre tous les jours vos nouvelles compétences. Bravo pour la trace de français à qui rien ne fait peur!
Petite pub au passage, vous direz à vos hôtes qu'à Joudes, en France, on enseigne le français aux Australiens tout en faisant visiter la Bourgogne et ses châteaux, ses vins, ses vert paysages 😉 !
Et c'est reparti le nez au vent vers des terres inconnues (de moi au moins) dont on sait à peine où elles se trouvent. Merci pour les leçons de Géographie illustrées et commentées par Laurent le fin nouvelliste à la plume élégante !
Des bises pluvieuses à tous les 4.
On the road again, again ! 😉
Yep ! Again and again...
Bernard Lavilliers fait partie de la playlist qui nous accompagne parfois sur la route !
Bonjour
Merci encore de vos partagés quels enrichissement pour vous et les enfants votre reconversion est trouvée 😄 bises à vous 4
Dear travelling family,
We met you at Camperdown at the Lakes and Craters Caravan Park. It was a delight to meet you all. We hope you are enjoying Lorne today. This is an extremely popular seaside holiday spot.
You mentioned to us your need to find a bicycle repair shop to fix the problem on the front of one of your bikes. I made an enquiry on your behalf. There is a bicycle repair shop in North Geelong - address is Marshall's Bike Repair Shop - 394 Thompsons Road North Geelong. Telephone +61 5278 xxxx. The manager said that he could look at the repair task you have and advise when he could do the job. It would depend on parts availability and the time he had to schedule the work. He seemed like he was happy to at least take a look at the problem you have.
We hope that all continues to go well for you and that you will have a wonderful time in Tasmania. If you need any further help our phone number is +61 402 xxx xxx.
Alan and Janet Bradley
Hello Alan and Janet,
Thank you for your advice and investigation !
We also have to buy new tires, so we will contact this bike shop as soon as we arrive in Geelong.
Everything is going well, except the weather sometimes 😉
See you 🙂