Après une traversée plutôt “paisible” de la plaine albanaise, nous voilà dans les très belles – mais très pentues – montagnes de Llogara. C’est le passage symbolique de la fin de la longue côte adriatique que nous avons suivie depuis Venise.
La montagne ça vous gagne
Depuis que nous avons quitté Durres, nous remarquons que l’Albanie du Sud est un peu plus riche que le nord du pays. Ce sentiment se renforce à l’approche de la Grèce, où les prix grimpent autant que les routes.
Il faut un mental bien affuté pour attaquer les pentes de cette région montagneuse. Pour notre part nous sommes contents d’avoir gravi plus de 1800m de dénivelé sur deux étapes, même si nous avons un petit sentiment d’inachevé. En effet, la pluie s’invite au programme, et il faut bien le dire, notre jauge de courage est descendue dans les chaussettes.
On essaie alors de faire du stop, mais nos montures bien chargées doivent en dissuader plus d’un ! On continue notre chemin, tendant le panneaux “Sarandë” au passage des véhicules de bonne taille, et vers 16h un Bus s’arrête ! On se dépêche de défaire nos bagages et démonter nos vélos, mais au bout de dix minutes il faut bien se rendre à l’évidence : les vélos ne rentrerons pas dans le trop petit coffre du Bus.
Un peu dépités nous reprenons la route, avec ses paysages sublimes et ses montées vertigineuses. Nous arrivons à la nuit tombée, éreintés mais heureux d’arriver, dans la petite bourgade de Himarë. En discutant avec quelques locaux, nous finirons par trouver un gars qui accepte de nous amener le lendemain à Sarandë avec son Pick-up.
Pick-up express
Nos deux Pino et les huit sacoches rentrent “pile-poil” dans la benne du pick-up (il n’en fallait pas plus). Notre chauffeur roule à bonne allure et klaxonne ses copains sur le bord de la route. Il est plutôt volubile, et commente tout ce que l’on voit sur la route (en albanais).
On finit quand même par comprendre (de ses explications), que les quelques jeunes hommes (la vingtaine) que l’on voit marcher sur le bord de la route depuis quelques jours, sont des migrants venus d’Afghanistan, de Syrie ou d’Iraq. Par petits groupes de deux ou trois, avec un petit sac sur le dos… ils parcourent probablement des dizaines de pays à pied depuis des mois ou des années, en quête de l’Europe du nord.
Sarandë et la visite de Butrint
Nous profitons de la pluie pour prétexter une journée de pause à Sarandë. En fait, même si nous n’avons roulé que deux jours depuis Vlorë, nos corps et nos esprits ont déjà besoin de repos.
Sarandë est une ville balnéaire un peu quelconque. Nous y dénicherons tout de même un joli marché couvert, où des mamies vendent toutes la même chose : légumes, olives, figues séchées, jus de fruits artisanaux (dans des bouteilles plastique réutilisées)…
Notre journée de pause est l’occasion de visiter le site archéologique de Butrint, ancienne ville fortifiée fondée par une tribu grecque au Xème siècle avant J.C, puis investie successivement par les Romains, l’empire byzantin, les Vénitiens… C’est donc un joli mille-feuille archéologique. Timéo est très fier de nous lire (déchiffrer) la légende de chaque bâtiment, car oui, on a trouvé une brochure en français !
La Grèce
L’Albanie ne veut décidément pas nous laisser partir et pour la dernière étape nous lutterons vigoureusement contre des pluies abondantes afin d’atteindre la frontière.
La frontière que nous traversons est peu fréquentée (un véhicule toutes les 10 minutes), mais le changement de pays est bien perceptible : Nouvelle langue & nouvel alphabet, la collecte des poubelles semble plus organisée, on peut de nouveau payer en CB et boire l’eau du robinet, le niveau de vie semble plus élevé… Ça devient d’ailleurs plus compliqué de se loger en location, locations qui sont pourtant bienvenues avec la pluie qui nous tourne autour ces jours-ci…
Le bus et la côte du Péloponnèse
Un peu dans la précipitation, nous décidons de prendre le bus de Igoumenitsa à Patras pour fuir le mauvais temps du littoral méditerranéen, et peut-être passer un peu plus de temps en Turquie avant qu’il n’y fasse trop froid.
Pour le moment le froid n’est pas encore d’actualité, et nos 4 ou 5 jours de vélo pour rejoindre Athènes sont accompagnés de températures estivales. On retrouve le plaisir des baignades, et on dort même sans duvet la nuit.
Les paysages sont jolis et le parcours est agréable. On voit quelques petits bateaux de pêche que l’on croirait directement sortis d’une brochure d’office de tourisme. En approchant de Corinthe le niveau d’urbanisation du littoral augmente, on sent qu’Athènes n’est plus très loin.
Compagnons de routes
Alors que nous quittions Vlorë nous tombons sur un couple voyageant en Pino (même tandem que les nôtres) ! C’est Hervé et Sylvie. Ils sont partis en vélo-voyage il y a trois ans, ont été bloqués en Espagne par la pandémie, puis ont fait une pause de 9 mois à Rabbat (où Hervé a eu l’opportunité d’enseigner au lycée Français – il est prof de Philo à quelques années de la retraite), ils ont ensuite traversé l’Italie, et arrivent enfin sur la côte albanaise. Leur objectif : l’Australie !
Nous prenons beaucoup de plaisir à partager un bout route, nos joies, et nos peines (poussant ensemble nos Pinos dans les horribles montées à 13% du parc de Llogara).
Parmi les autres rencontres que nous avons faites, nous retenons le café, le passage de frontière, et le bout de route parcouru avec Patrick & Carole couple québécois, et Kevin voyageur solitaire français parti de Briançon.
Enfin, nous avons retrouvé “les p’tits loukoums” (couple franco-belge et leurs deux enfants que nous avions rencontrés en Albanie), ainsi que Jérôme et Jasmin (rencontrés à Venise, ils ont eux suivi la côte italienne). Nous partageons un bon resto et quelques bières lors d’une petite soirée sympathique au camping.
La suite
Demain nous rejoindrons Athènes, où nous passerons 3 jours pour visiter le berceau de la civilisation occidentale. Nous prévoyons ensuite de rejoindre la côte turque, par un mic-mac improbable de correspondances de ferries (avec une arrivée à 4h du matin dans un petit port, pour attendre une correspondance 4 heures plus tard…). En effet les voisins ennemis Grecs/Turcs ont coupé les ponts directs, et nous sommes contraints à quelques pirouettes.
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2 338 km
Vrachati, Dimanche 02 Octobre – 22h28, 25°C
Bravo à vous et merci encore de nous faire voyager à travers vos récits. J'ai quand même une petite interrogation très terre à terre mais comment faites vous pour assurer la sécurité de vos sacs et sacoches depuis le départ pour ne pas risquer les vols qui seraient sans doute assez durs à vivre ? Bon courage et profitez bien d'Athènes !
Salut Vincent!
Ah, bonne question en effet. ça nous a un peu questionné avant de partir...
En fait, c'est assez simple, on ne quitte pas les vélos en journée. Quand on s'arrête pour un boire un café ou manger quelque part, on se met en terrasse juste à côté de nos vélos. Pour faire des courses, il y a toujours l'un de nous 2 qui reste surveiller les vélos. Il nous est même arrivé de faire des visites à tour de rôle (mais c'est pas très sympa...).
Par contre, une fois qu'on s'installe (camping ou location) les sacoches sont rangées dans la tente ou à l'intérieur, et les vélos sont attachés avec 3 types de cadenas. On fait donc la plupart de nos ballades et visites depuis nos lieux d'étapes. Quelques fois on s'arrête aussi dans des endroits où il n'y a personne, on s'autorise alors à s'éloigner un peu des vélos (on les gardant en vue de loin): ex. ballades flamands roses
Enfin, on a ressenti très peu d'insécurité dans les Balkans, moins que dans pas mal d'endroits en France. A noter aussi que nos sacoches sont lourdes, et que la personne qui ne connait pas le système de fixation aurait du mal à les voler "à l'arraché"... Quoiqu'il en soit, la prudence reste notre règle n°1.
Aaah! Les veinards, 25 degrés !
Par chez nous, il y a bien des jours qu’on n’en a plus autant !
C’est plutôt les 13 degrés et pluie. Mais j’ai bon espoir qu’octobre nous réserve de bonnes journées surprise.
Dis donc Prêle tu prends une jolie couleur croissant doré!
Toutes ces photos sont toujours superbes
d’immensité ou de vélocité !
Les apprentissages des enfants se font en pédalant? Est-ce qu’on additionne des kilomètres et des poteaux ?😁
Bref profitez bien, ne pédalez pas trop et régalez-vous de vos rencontres passagères et paysagères. Bisous à la famille loupiots !
Holala, vous avez une sacré énergie que de rouler ainsi sous la pluie. Comment réagissent les enfants? Et quand vous arrivez de nuit vous savez où vous allez dormir ? Notre angle de vue est si différent ! Et je continue de rêver à travers ces voyageurs qui décident de vivre autour de notre monde. Mais... de quoi vivent-ils pour pouvoir ainsi voyager aussi longtemps (3 ans...). Plein de pensées vers la Grèce... pas encore pour nous cette année. Bisous
C’est toujours un plaisir Valérie de lire tes messages, presque pour chacun de nos articles 😊
La pluie c’est pas très fun, mais sans le froid et sans trop de circulation ça passe plutôt bien, surtout si on a l’assurance d’avoir un logement en dur le soir (ce qui était le cas). On a pas eu trop de difficultés à trouver des logements, souvent au prospectant dans l’après-midi pour un endroit ou camper ou une chambre à louer chez l’habitant.
Bises à Tina, Joé & Fab
Coucou à tous les 4
C est toujours un réel plaisir de vous lire et de vous voir 😀. Ce mélange de performance physique et de soif de découverte culturelle me fait rêver !
Bises a tous les 4
Hello Isabelle, merci pour ton message 😊
Salut à vous ! Je lis tardivement vos aventures, ayant donné de vos nouvelles aujourd'hui à l ami Olivier.
Les montagnes de la frontière Albano grecque me rappellent bien notre bambée d Igoumenitsa à Thessaloniki.
Quid des problèmes techniques ? Vous avez trouvé des velocistes ou des bricoleurs ? Ou bien ça grince mais ça tient ? Bises alpines
Salut l'ami Loïc !
On a bien pensé à toi en passant à Chiang Maï, repère de cafetiers artisanaux en tous genres. Et le café à vélo, c'est un peu comme un carburant 😉
On a vu pas mal d'outils de préparation de café différents, notamment l'espresso pressé à la main avec un genre de machine à levier avec un manomètre pour "gérer" la pression de transfert dans le café (cf. photo).
As-tu reçu les grains laotiens ?
Les pépins techniques ont été résolus, d'autres sont apparus depuis... bref ça fait parti du voyage. Mais on commence à mieux s'y connaitre en méca vélo.
Bises