Suite à notre passage à Turin, nous nous lançons dans la longue traversée de la plaine du Pô. Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre, mais nous avons été plutôt agréablement surpris.
Un long fleuve tranquille
Nous nous attendions un peu à traverser une diagonale du vide, il n’en est rien. Certes la plaine est très plate et les paysages tendent à se répéter, mais ce territoire révèle un charme et des petites pépites insoupçonnées.
Sur la première centaine de kilomètres, nous avons parcouru des rizières et des parcs naturels hébergeant une avifaune incroyable et pas très farouche. Malgré la sécheresse visible notamment sur le niveau du Pô et son eau quasi-stagnante, les plants de riz ont bien les pieds dans l’eau (pour le bonheur des moustiques)
Ce qui nous marque, c’est l’incroyable maillage de petits villages qui jalonnent notre parcours. Tous les 5 ou 10 km, nous trouvons un nouveau village avec un joli patrimoine : église, château, fermes préindustrielles… A l’image des campagnes françaises profondes, certains villages sont essentiellement peuplés de personnes âgées, qui nous alpaguent et entretiennent la papote, malgré les difficultés linguistiques.
Un nouveau rythme de voyage
Nous ressentons notre progression comme un peu lente et trop rapide à la fois. Lente, compte tenu de l’immensité de cette plaine qu’il nous faut traverser, et d’une certaine monotonie des paysages agricoles. Trop rapide car nous aimerions nous arrêter, visiter et comprendre l’histoire des territoires traversés. Nous traversons parfois une quinzaine de villes et villages dans la journée.
Chaque village, même de quelques centaines d’âmes, a son parc souvent bien équipé en jeux pour enfants (tourniquet, toboggans, pont de singe…) et d’un point d’eau ! Ces parcs sont vitaux pour nous ressourcer, pique-niquer, jouer, ou faire une petite sieste.
Les enfants commencent à intégrer l’itinérance comme mode de vie, et l’apprécient. Ils s’adaptent avec beaucoup de souplesse. Dormir chaque jour dans un nouvel endroit fait maintenant partie de leur quotidien, et chaque jour apporte ses nouvelles expériences : rencontre avec des copains d’un soir, visites, animaux divers croisés sur le chemin… Le voyage offre une multitude d’opportunités pour leur enseigner le monde (une carte trouvé chez des WS pour un cours de géographie, les paysages pour comprendre la gestion de l’eau et l’agriculture, des échanges pour apprendre les mots d’une autre langue…)
Des nouvelles rencontres
Au fil de notre parcours, nous profitons principalement de deux types de rencontres : celles de bords de routes, et nos hôtes Warmshowers.
Nous prenons plaisir à parcourir un territoire éloigné des zones touristiques, les rencontres y sont peut-être un peu plus authentiques. Au cours de cette deuxième semaine, on nous offre quotidiennement des jeux pour les enfants, des glaces à l’eau, des gâteaux, du salami (spécialité de Crémone)… au gré de nos arrêts, voire même pendant que nous roulons. Parfois un peu gênés, nous sommes toujours touchés par cette générosité toujours spontanée.
Deux nouvelles familles Warmshowers nous ont hébergés :
Giorgio, Anna et leurs quatre enfants nous réservent une nouvelle fois un accueil formidable à Crémone. Giorgio est travailleur social avec des jeunes en probation, au sein d’une “coopérative” (genre d’entreprise à vocation sociale). Nous parlerons longuement des enjeux sociaux en Italie, et de l’atelier vélo que sa coopérative développe à Crémone. Le soir nous mangeons chez des amis de Giorgio. Grande tablée, rires, échanges passionnants… un beau moment ! Les enfants de Giorgio initient Timéo et Eglantine au babyfoot !
Le lendemain nous sommes accueillis chez des hôtes WS qui ont une petite ferme familiale très diversifiée, pas très loin de Carpenedolo. Ici, certaines vignes ont été plantées par le grand-père, et permettent toujours de produire 1000 litres de vin pour la consommation annuelle de la famille élargie. Nous campons dans le verger où nous sommes invités à nous servir de pêches, raisins, poires, tomates…
Plus nous apprenons à connaître l’Italie, plus nos questionnements sont nombreux. Parmi les échanges que nous avons eus, une question reste pour moi ouverte : Comment ce pays “développé” peut-il être à ce point clivé entre un territoire du nord qui se veut moteur économique, et le sud “qui ne veut pas travailler”, “gangréné par la mafia”, qui surtout ne bénéficie pas du même niveau d’infrastructures et de services publics ? Comment deux Italies qui ne roulent pas à la même vitesse co-existent-elles ?
Retour aux Alpes
Pour notre dernière étape avant le jour de pause (non loin de Vérone), nous retrouvons le plaisir de gravir de nouveau quelques collines, avec une belle vue sur les Alpes en prime. Cette journée se révélera néanmoins éprouvante : Première chute de Timéo et moi dans une montée à la pente improbable (10% ?), et fin de journée en compagnie du “pire ennemi du cycliste” (le vent), puis la pluie, la grêle, et l’orage. Nous arrivons détrempés à “l’Agricampo”, où nous resterons deux nuits pour rédiger notre article hebdomadaire, faire l’école, et visiter Vérone.
Vérone
Pour l’occasion, nous laisserons nos vélos au camping et prendrons le train Dossobuono/Vérone (10 minutes de trajet).
Vérone est une ville impressionnante qui mériterait bien de s’y attarder plusieurs jours. Les enfants trouveront un bon terrain de cache-cache dans les galeries de l’Amphithéâtre/Arène. Mais Vérone c’est aussi les retrouvailles un peu perturbantes avec le tourisme de masse, de nombreuses boutiques de luxe, des rues bondées…
Demain nous partons vers l’Est, toujours un peu plus vers l’Est…
Plus d’images de cette deuxième semaine : Galerie Photos
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598 km
Dossobuono, Dimanche 14 Août – 09h32, 25°C
Paroles de Bon Papa Delerue après lecture de cette semaine lombarde : un grand bravo aux aventuriers. Quelle histoire permanente et quels bagages de souvenirs. Comment ne pas vous envier !
Dans l'impatience de connaître la suite du roman, bises à vous quatre.
Vous avancez super vite!!!!
On es au nord du lac de Come . On sest loupé à qq jours. Pas sur que l'on aille jusqu'en Croatie.. on se tient au jus. Bises. Bonne continuation.
À ce rythme là vous allez finir par faire le tour du monde sans prendre l'avion 😉!
Oulah, les Balkans arrivent 😉
Ca va grimper...
Quel bonheur de vous suivre étape par étape! Chaque jour nous branchons l'ordi avec fébrilité pour apprécier votre progression, savourer l'enthousiasme familial, admirer les photos, ...Quelle riche expérience vous offrez à Timéo et Eglantine!
Coucou les loulous ! On a pris plaisir à vous lire, c'est top ça a l'air de bien se passer. Bonne suite, profitez bien. Bises d'Auvergne