S05 – La côte Dalmate et ses côtes qui matent

De Zadar à Split
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Cette cinquième semaine nous poursuivons notre longue descente de la côte adriatique orientale. Un quotidien se met en place entre vélo, baignades, temps d’école, visites et planification de la suite de notre périple.

Flirter avec l’arrière-pays

Si nous suivons généralement le littoral, nous tentons parfois quelques écarts dans les terres, et le contraste y est saisissant ! Une dizaine de kilomètres suffisent pour un changement d’ambiance. On quitte les infrastructures touristiques, agglomérées sur la côte, et on roule sur des petites routes de campagnes quasi-désertes.

Ici les quelques Croates que nous croisons ne parlent plus anglais, mais il prennent le temps de papoter dans un charabia qui nous est incompréhensible, ponctué de larges sourires. C’est une règle qui tend à se vérifier, les échanges sont plus authentiques loin des activités touristiques et urbaines.

Nous aimerions prendre le temps de découvrir de l’intérieur les pays des Balkans, mais le relief et l’ampleur de ces territoires nous en dissuadent. Un détour par Mostar reste néanmoins dans nos options pour la suite (n’hésitez pas à nous donner votre avis si vous connaissez).

Zadar, Trogir et Split

La côte croate est moins urbanisée que la côte d’azur (notre référentiel français), mais de belles villes médiévales se succèdent à l’intervalle régulier de 2 ou 3 étapes de vélo.

Même au mois de septembre, le tourisme reste très actif dans ces vieux centres, dont les ports sont les points d’entrée (et de sortie) des croisiéristes fortunés. Les enfants aiment regarder ces grands bateaux, et envient parfois les fêtes un peu trop démonstratives qui ont lieu sur leurs ponts.

Les vieux centres sont magnifiques, et abstraction faite des multiples boutiques à bistrouilles en plastique, on ressent bien le poids de l’histoire. Trogir fut par exemple fondée par des Grecs au IIIe siècle avant JC, puis fut développée avec l’arrivée des Romains, avant de connaître une histoire mouvementée : rattachement à l’Empire byzantin, invasion des Sarrasins, puis sous domination vénitienne, puis de l’Empire des Habsbourg… et elle connut même une courte occupation du Premier Empire français entre 1806 et 1814.

Nous profitons d’une halte de deux nuits à côté de Trogir pour visiter Split en navette bateau. Les ruelles y sont minuscules et labyrinthiques. Il est bon de troquer nos montures contre une paire de sandales pour flâner et se perdre, le temps d’une journée.

Les micmacs des vélo bateau

La plupart des ferries de la compagnie Jadrolinija (quasi-monopole en Croatie) nous permettent d’installer confortablement nos vélos dans les soutes, au côté des motos et voitures. Mais certaines traversées nous réservent des surprises, comme lorsque nous nous retrouvons sur une petite coquille de noix (liaison Rab/Pag) – voir photo.

Les capitaines rechignent parfois à charger nos vélos (bien que ce soit un service public qui s’y engage). Il faut alors négocier, voir supplier quand nous n’avons pas d’autres options. A Trogir, après quelques minutes de palabre, le capitaine fini par accepter de charger nos vélos. Nous déchargeons toutes nos sacoches, portons les vélos sur deux passerelles (il faut traverser un premier bateau pour embarquer sur un plus petit). Dix minutes plus tard, et après une opération logistique complexe de rangement des vélos au fond du bateau, le capitaine annonce à l’ensemble des passagers (env.50) que nous devons finalement embarquer sur un autre bateau. Rebelote, portage des vélos et des sacoches, mais satisfaits d’avoir pu embarquer !

Les petits plaisirs

Ce n’est pas un secret, le vélo voyage c’est top, mais il implique des conditions de vie parfois un peu rudes. L’itinérance, le camping, vivre à l’extérieur toute la journée, être en recherche permanente d’un lieu où dormir, manger, se reposer…

D’où l’importance des petits plaisirs, souvent futiles mais réconfortants. Toute personne ayant expérimenté le vélo-voyage connaît cette sensation particulière de petits riens qui deviennent précieux et dont la saveur est décuplée. Une simple gorgée d’eau fraîche, s’asseoir sur une vraie chaise, un bon repas chaud dans une assiette avec des couverts sont quelques exemples de l’ordinaire qui devient extraordinaire.

Pour nous, l’un des p’tits plaisirs symboliques que nous avons adopté depuis l’Italie c’est le capuccino en poudre (lyophilisé). Sûrement considéré comme “cheap” par les connaisseurs, c’est notre petite joie du matin, qui aide à nous mettre en selle.

Savourer les choses simples est le premier enseignement de notre voyage.

Les enfants et la liberté

Avec le voyage, les enfants travaillent leur autonomie, et surtout leur sens de l’orientation. Se repérer chaque soir dans un nouveau camping, dans un bateau de plusieurs étages, ou sur une plage… nous leur laissons la liberté d’évoluer et de découvrir seuls ces espaces d’un soir, ou d’une traversée, ce qui les responsabilise et leur apprend à se repérer.

Les trajets en tandems Pino s’avèrent être bien adaptés aux échanges à vocation pédagogique. Ainsi, cette semaine Timéo a appris les bases de la construction d’une phrase simple en anglais (verbe être) et travaille son vocabulaire. De son côté, Eglantine travaille sa phonologie, prérequis pour l’apprentissage de la lecture.

Pour ce premier mois de voyage les enfants ont raconté et dessiné leur voyage, nous mettrons prochainement en ligne une nouvelle partie “blog des enfants”.

Eurovélo 8 et vélo-voyageurs

Poursuivant en partie l’Eurovélo 8, nous avons croisé cette semaine quelques vélo voyageurs qui parcourent la côte adriatique.

Tout d’abord, Marie et Alexis un couple de nantais qui a suivi l’intégralité de l’Eurovélo 6, depuis Nantes jusqu’à Constanta. Ils nous dressent au passage un portrait peu séduisant du vélo en Roumanie, de ses routes saturées de camions et de ses hordes de chiens errants… Nous sommes donc bien contents d’avoir réorienté vers le sud notre projet que l’on envisageait initialement le long du Danube. Ils ont rallié la Grèce depuis la Mer Noire, et remontent désormais la côte adriatique pour retrouver leurs obligations professionnelles fin octobre.

Nous croiserons aussi plus rapidement d’autres vélo-voyageurs solitaires, comme Céline partie seule de Fribourg et en route pour Istambul. Nos routes se recroiserons peut-être, c’est en tout cas un bon contact pour échanger nos retours d’expériences pour la suite.

Ces rencontres sont toujours le fruit du hasard, et nous passons probablement à côté de beaucoup d’autres cyclos, tant les possibilités d’itinéraires et d’étapes sont nombreuses.

 

L’ile d’Hvar

Nous finissons la semaine en beauté avec notre arrivée sur l’ile d’Hvar. Petit paradis de nature, l’ile regorge de plages magnifiques, et d’une végétation abondante et variée. L’ile est aussi réputée pour être un haut lieu de la vie nocturne (#Ibiza). Mais nous n’aborderons pas cet aspect, préférant planter notre tente à l’écart du tumulte et à proximité d’une petite crique de Jelsa.

Animaux aperçus :

Une biche, des vautours, des moutons, des poissons, une toute petite tortue de terre, un bébé scorpion (dans la tente) !

                                                                              ……………….

1379 km

Jelsa, Dimanche 4 Septembre – 23h23, 22°C

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Bernard
1 year ago

Encore un super voyage d'une semaine fort bien raconté et illustré ! Encore, encore !
Bises à tou(te)s !

Guillaume & Co
1 year ago

je lance officiellement le concours : Quel est le meilleur mot pour décrire ce que vivent Eglantine, Timéo, Prêle et Laurent

Je me lance : Pour moi, les moments que vous vivez et nous décrivez sont ... ouahou !
Tous ces paysages, ces rencontres, ces moments d'échange, quel enrichissement et quels bons souvenirs pour plus tard !

On imagine aussi qu'il y a des moments un peu plus durs que vous gardez pour vous. Alors on pense très fort à :
- vos cuisses qui, après ce 1er mois, doivent être enfin dans la phase d'acceptation et ne vous font plus de courbatures à chaque réveil,
- votre peau qui a pris une teinte dorée magnifique sans virer au rouge (A quand la photo de Laurent torse nu pour voir jusqu'où va ce bronzage magnifique ?),
- votre patience sans faille qui vous permet de gérer tous les petits couacs qui pimentent cette aventure (est-ce Eglantine qui va faire fondre le coeur des autorités locales quand elles vous mettent les batons dans les roues ? comment va le pédalier de Laurent ?)
- votre inventivité pour rendre moins long pour vous et les enfants les quelques tronçons ou autres situations monotones (le scorpion dans la tente pour raviver la flamme, il fallait oser !).

Bref, bravo à vous 4, profitez bien !
On pense très fort à vous

Isabelle P
1 year ago

Toujours un plaisir de vous lire (et de regarder toutes ces belles photos)
Profitez à fond... un capuccino et c'est reparti ! 😀
La team Essentiel pense à vous

Prêle
Reply to  Isabelle P
1 year ago

Merci Isa, moi aussi je pense à vous, la team Essentiel (enfin juste à vous, pas au boulot 😉)

Anne-Chantal
1 year ago

Très beau texte (et titre !), et très belles photos. Où l'on voit que les Dalmatiens ne sont pas qu'en noir et blanc. Et que les ptits loups n'ont peur de rien, et savent s'instruire et s'amuser aussi ! On voit que la vie au grand air, ça a du bon !

Sabrina
1 year ago

J’adore lire et vous suivre chaque jour ! Je vous admire de faire ce voyage en famille.
Profitez !

Prêle
Reply to  Sabrina
1 year ago

Merci Sabrina !
De dépaysement en dépaysement... on profite ☺️

maria dworski
1 year ago

I can see you are about to cross into Bosnia - please try Ćevapčići - your kids will love them and they are the best in Bosnia. I used your website in a couple of lessons yesterday with your ex-colleagues!!!

Caroline
1 year ago

Bravo bravo les cyclistes, aventuriers, écrivains voyageurs, parents modèles, enfants sages. Votre journal nous fait oublier qu'ici c'est vélo dodo boulot!
Je me trompe ou Prêle et Églantine dévaliser le marché de Split?

Prêle
Reply to  Caroline
1 year ago

Merci Caroline pour tous tes messages !
Oui, c'est bien le marché de Split que nous dévalisons (le vélo, ça creuse !)

Laureline
1 year ago

Wahou vous avez bien avancés déjà !
On pense à vous et on vous suit sur la carte avec les enfants !
Bisous