S12 – Nazzili, Pamukkale, Denizli

De Aydýn à Göreme
DSC00502 recad

Deux jours de rétablissement et nous sommes repartis pour Pamukkale. Nous profitons d’un parcours qui nous mène de rencontres en découvertes parmi les petits villages et la campagne turque. Pamukkale est une belle introduction aux merveilles géologiques de la Turquie.

On reprend la route

Nous poursuivons notre parcours dans la vallée de Büyük Menderes, et plus nous progressons, plus notre regard sur la géothermie change. La vallée est “balafrée” par de très nombreux tuyaux (qui saturent le paysage), les odeurs nauséabondes de soufre (œuf pourri) sont très présentes, et apparemment les agriculteurs se plaindraient des rejets d’eau sulfurée…

Bien sûr il n’y a pas vraiment de source d’énergie parfaite, et celle-ci se substitue au charbon largement exploité en Turquie, mais tout de même cette vallée est bien impactée…

Pédaler de village en village

Sur un même territoire se côtoient donc une industrie rutilante, une agriculture de petites exploitations, et des villages où la vie traditionnelle est encore bien ancrée. Le voyage à vélo nous offre un accès direct à cette vie quotidienne loin des circuits touristiques.

Ainsi, peu avant le village de Sarayköy, nous ralentissons prés d’un portail où une vingtaine de personnes s’affaire à une activité qui attise notre curiosité. A peine le pied posé à terre, on nous invite et on nous tend des sortes de galettes un peu épaisses, frites dans un grand chaudron d’huile, chauffé au feu de bois.

En fait, ce sont surtout les femmes qui s’affairent, avec une technique visiblement bien rodée, et une organisation “tayloriste”(division horizontale du travail). L’une prépare des quantités colossales de pâte, l’autre prépare des pâtons, une troisième travaille leur forme avant des les plonger dans l’huile, une quatrième et une cinquième les retournent et les sortent de l’huile, et d’autres empilent la production.

Pas d’histoire d’argent ici, on nous le fait bien comprendre lorsque l’on pose la question, un peu gênés par cet énième cadeau. Et c’est là une vrai différence avec ce que nous avons pu voir dans les pays européens : la gratuité comme principe (sans objectif de charité), et le partage de la cuisine en communauté (au-delà de l’échelon familial).

Dans le même esprit nous avons été invités avec les enfants (il faut avouer qu’ils font un peu l’effet d’une clef passe-partout en Turquie), à une grande cantine collective gratuite, à la mémoire d’un père de famille mort il y a plusieurs années. L’organisation est là aussi bien rodée, car des centaines de personnes mangent leur plateau repas préparé à la chaîne par des bénévoles.

Visite d’une usine de coton

Depuis que nous sommes arrivés en Turquie, les cultures dominantes sont le coton, la grenade, les agrumes et l’olive. La récolte du coton a été mécanisée dans les dernières décennies, mais les exploitations restent souvent de taille familiale et elles revendent leurs productions à de petites usines locales de pré-conditionnement.

Même scénario que précédemment, nous nous arrêtons un peu curieux à côté d’une de ces usines, puis sommes rapidement invités à une visite. Les fleurs sont avalées dans une vis sans fin, les graines sont séparées, puis le cotons est lavé, séché, étiré, compressé… et rangé sous forme de grands ballots bien tassés et enveloppés dans du tissu.

Les enfants sont captivés par les machines qui crachent du coton effilé sur un grand tapis roulant.

Les enfants

Tout comme nous, les enfants ont vraiment pris le rythme du voyage. Ils se remettent avec plaisir en selle chaque matin, et découvrent avec enthousiasme le nouveau lieu d’étape le soir. Eglantine demande souvent : « On dort où ce soir ? Dans un camping ? Dans une maison avec des animaux ? Dans une ville ? A la mer ou à la montagne ? » Et quel qu’en soit le lieu, il deviendra « la maison » d’un soir, accueillante et réconfortante.

Ici en Turquie, les enfants sont rois. L’éducation est basée sur la confiance, l’enfant est choyé, câliné, on le laisse toucher à tout sans crainte. Il n’est pas rare que des adultes passent leur main dans les cheveux de Timéo ou Eglantine, leur pincent gentiment la joue, leur font un bisou sur la main, et parfois les prennent sur leur genoux. Ils approchent leur main de leur bouche, bouts des doigts serrés, puis la lèvent vers le ciel, pour nous dire que notre enfant est une beauté !

Pamukkale

A Pamukkale c’est les grandes retrouvailles avec le tourisme de masse, très international. Dans notre “pension”, nous côtoierons des Indiens, des Russes, des Asiatiques, et des Européens. On trouve d’ailleurs ici des restaurants chinois et indiens qui dénotent un peu dans cette petite ville. Mais malgré tout le village reste à taille humaine, et il n’est pas pollué par les nombreux bus des tours operators qui ont un accès direct au site.

Le site est magnifique, et nous l’avons d’autant plus apprécié que nous n’avions pas de grandes attentes. Les concrétions de carbonate de calcium sont sculptées par l’eau qui le dépose sur son chemin en s’évaporant. Et se baigner dans ces bassins d’eau chaude en pensant aux copains qui sont au boulot, c’est un peu la classe 😉

Mais Pamukkale c’est bien plus que le « château de coton »,  c’est aussi les vestiges d’une ville antique construite autour des eaux thermales, avec son théâtre, ses nombreuses colonnades… et ses magnifiques sarcophages romains en pierre sculptée.

Le Bus

Considérant l’immensité de la Turquie (et l’étendue de zones un peu vides), nous avions prévu de prendre le bus pour rejoindre la Cappadoce depuis Denizli.

Mais voyager en bus avec des vélos c’est toujours une aventure : des grandes discussions pour la réservation des billets, rebelote au départ du bus, négociation avec le chauffeur… et rien n’est jamais acquis avant d’avoir mis les vélos dans la soute. Cette fois-ci nous avons même été bloqués à l’entrée de la gare routière, où il y avait un portique/scanner rayons-X. Il a fallu palabrer pour qu’on nous autorise à contourner la gare par l’entrée des bus !

Un trajet de 10h50 de bus, avec une arrivée à Gorëme à 23h50 par 6°C, qui s’est plutôt bien passé dans l’ensemble (sur la photo: remontage des vélos à l’arrivée à Göreme)

La suite

La baisse des températures et les journées de plus en plus courtes rendent le voyage à vélo un peu plus difficile. Nous avons (enfin) réservé nos billets Istambul/Bangkok, pour le 17/11. Il nous faut d’ici là prévoir un programme, mais pour tout dire, nous ressentons une petite période de flottement. Jusqu’ici l’itinérance vélo apportait un sens “en soi”, et une direction flexible mais claire (cap vers l’Est en suivant l’Adriatique). Nous sommes un peu désorientés et devons trouver une nouvelle dynamique de voyage pour notre séjour en Turquie qui se terminera par une semaine à Istanbul.

A plus long terme, nous envisageons de terminer le voyage par une itinérance de vélo en Europe, et peut-être ainsi éviter le continent nord-américain coûteux et froid au printemps. Mais tout reste possible, et c’est bien ça toute la beauté du voyage !

A très court terme nous profitons de la Cappadoce avec un seul mot d’ordre : Enjoy it !

                                                                          ……………….

2 820 km

Göreme, Mardi 25 Octobre – 22h52, 4°C

 

Subscribe
Notify of
6 Comments
Oldest
Newest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
Bernard
1 year ago

Encore un beau récit de voyage dans ce pays étonnant !...étonnez vous et nous encore !...merci et bises à vous !

Natacha
1 year ago

Ça à été un enorme plaisir de vous rencontrer à Pamukkalé, nous sommes ravis de suivre vos aventures , bon courage pour la suite 🙂

Last edited 1 year ago by Natacha
Blandine
1 year ago

coucou! J'approche les mains de ma bouche les doigts serrés et les lève vers le ciel pour vous signifier "quel beau voyage! Quelle belle aventure! "
Bravo au mécanicien qui monte et démonte les vélos comme il ouvre ou ferme une porte, vers l'Est !
Que d'étonnements et d'émerveillements chaque jour! Profitez! à votre rythme. 😉

Hugou
1 year ago

Quel beau récit et photo merci

Caroline
1 year ago

Hello les cyclistes,
Les photos et votre récit de voyage en Turquie me reconcilie avec ce pays que j'aimerai visiter.
J'attends toujours la photo des parents et des enfants en costume traditionnel! Peut-être aurez-vous le temps lors de votre semaine à Istanbul de faire du shopping 😉
Bises à tous les 4

Louis
1 year ago

Fantastic write-up. Good to meet you both yesterday!