S18 – Pédaler dans un Hammam

De Ayutthaya à Sukhothaï
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Une reprise du vélo en climat équatorial, ou comment dégouliner à grosses gouttes aux premiers coups de pédales.

Le retour au voyage

Les retrouvailles familiales c’est vraiment chouette. Et chapeau aux grands-parents qui sont sacrément sortis de leur zone de confort pour venir nous voir.

Mais il faut l’avouer, les derniers jours ont été un peu durs pour Laurent. L’absence d’itinérance, d’imprévus du quotidien, de rencontres inattendues, ou même parfois de petites galères (dont on ressort sans trop de difficultés, mais avec la sensation d’être plus vivant que jamais)… le tourisme sédentaire laisse un petit sentiment de perte de sens.

Mais heureusement l’heure est à la reprise !

Ayutthaya

Nous quittons Bangkok en taxi, nos vélos étant encore emballés dans leurs cartons. Nous choisissons la ville historique d’Ayutthaya, située à 80km au nord de Bangkok, pour les remonter et démarrer notre itinérance en Thaïlande.

Ayutthaya fut la deuxième capitale du Royaume de Siam (après Sukhothai). Fondée en 1350, elle fut détruire en 1767 par les Birmans. D’impressionnants vestiges de temples bouddhistes, statues de bouddha, palais et monastères forment aujourd’hui le site antique d’Ayutthaya. Nous passons une journée à sillonner la veille ville et le parc historique à vélo en famille élargie, l’occasion de vérifier que nos montures vont bien.

Nous repartons ensuite à deux pour une semaine d’itinérance. Les enfants restent avec leurs grands-parents et feront la liaison en bus pour Sukhothai pendant que nous allons à la découverte de ce nouveau pays. Cela nous fait tout drôle de nous retrouver à deux après quatre mois passé avec les enfants 24h/24h. Et sur le chemin, les Thaïs montrent à plusieurs reprises le siège vide du Pino en nous questionnant : “baby ?”.

Pédaler sous 33°C

Nous nous élançons sans réelle planification, si ce n’est “cap vers le nord”, direction Sukhothai. Le territoire thaïlandais est maillé d’un dense réseau de routes aux dimensions très variables. Aux abords des villes, la 2×3 voies est de mise, mais très vite on s’extirpe sur des petites routes et chemins beaucoup plus calmes.

On observe une certaine perméabilité entre la ruralité et les villes, et il est courant de voir des basse-cours et tracteurs au milieu des zones urbaines. Sur notre parcours nous observons tout le cycle de la riziculture (qui ne semble pas avoir de saisonnalité) : depuis la plantation des brins à la main, jusqu’aux brulis des pailles une fois la récolte passée et les champs asséchés. Nous pédalons également au milieu de champs de bananiers, cocotiers et autres arbres fruitiers dont nous ignorions l’existence.

Nous sommes par ailleurs surpris par l’abondance de la faune. Nous croisons quantité d’oiseaux d’eau, d’écureuils, de varans, et de serpents (passant parfois à quelques mètres de nos roues).

De villages en rizières

A vélo, nous passons régulièrement par de tout petits villages peu, voire pas fréquentés par les touristes. Les Thaïs sont de nature discrète, mais ils nous font souvent un signe de tête, un grand sourire, ou lancent un “S̄wạs̄dī” ou “Hello” lorsque nous sommes à vélo. Et même à pied, dans le marché du petit village de “Nong Tha Ngu”, les gens semblent étonnés de nous voir et nous font des signes, tout en nous parlant en thaï… Nous remarquons ainsi que nous sommes les seuls occidentaux !

Alors que nous nous arrêtons dans une des nombreuses petites échoppes de bord de route pour y acheter un goûter, le jeune qui tient la boutique de ses parents vient à notre rencontre, nous parle dans un anglais correct (ce qui est rare ici) et montre un enthousiasme à peine dissimulé. On prend une glace sur ses conseils et on s’installe pour la manger. On sent qu’il ne veut pas déranger, mais meurt d’envie de nous parler. Pendant ce temps, son père prend des photos de nos vélos. Nous entamons alors la discussion. Il finit par nous dire qu’il ne voit jamais de touristes étrangers, que la dernière fois qu’il y en a eu dans sa boutique c’était deux ans auparavant, et qu’il est “So happy” de nous accueillir !

Un autre jour, nous nous trompons de route et nous retrouvons dans un cul de sac à l’entrée d’une école. Les jeunes se regroupent autour de nous, à grand renfort de “Hello” et “Hi” tout en pouffant de rire, et se plaisent à prendre la pause pour la photo.

Rencontres furtives mais beaux moments de partage !

Les rencontres

Le quatrième soir de notre virée en couple, après une bonne douche, nous décidons d’aller au village voisin à pied pour acheter à manger (à 2,5 km). La route étant un peu passante à cette heure, nous tentons le stop.

Une mamie en scooter s’arrête et nous propose de monter dans sa petite carriole attenante. L’engin bricolé maison est sommaire, mais semble pouvoir supporter notre poids. A 50km/h on serre un peu les fesses (on n’a rien pour se tenir et la route a quelques bosses), mais on vit pleinement ce bon moment. Le piment du voyage est souvent fait de petits riens.

         

Arrivée à “Nong Tha Ngu”, nous repérons deux mini-vélo pliables équipés de sacoches. Nous faisons la connaissance de Louis et Becky, un couple britannique qui après l’Inde, et le Népal, arpente maintenant les routes thaïlandaises avec des petits vélos. Nous partageons un super repas avec eux, ça fait du bien de recroiser d’autres cyclos (les premiers depuis 1 mois, à Gorëme).

       

Des canins pas très câlins

La campagne thaïlandaise est peuplée de nombreux chiens, parfois sauvages, parfois domestiques. Mais on commence à connaître les bestiaux. Notre passage dans les Balkans et en Turquie nous a aguerris, amené à développer le bon feeling, et surtout à ne pas avoir peur (ce qu’ils ressentent vraiment).

Ici leur caractère est différent, on les sens hargneux et craintifs à la fois. Et malheureusement les chiens sauvages semblent dressés “à coups de tatanes” … Il va falloir s’adapter, surtout quand ils sont en meute.

Notons au passage qu’en Turquie et dans certains pays des Balkans, il y a une vraie politique de prise en charge des chiens sauvages. Ils sont nourris, soignés, pucés, stérilisés… Du coup ils étaient là-bas plutôt cool, ce qui ne semble clairement pas être le cas ici.

Pendant ce temps là… (Mamie raconte)

Après les marathons organisés chaque jour par leurs parents, Timéo et Eglantine ont bénéficié avec leurs grands parents de quelques jours de répit : de bonnes nuits qui commencent tôt, du temps pour faire du travail d’école, ce qu’ils font toujours avec enthousiasme, rattraper leur retard sur le blog des kids, et du temps pour jouer, tout simplement.

Au cours de ces quelques jours à quatre, nous sommes aussi allés à la rencontre de la vie rurale autour de Sukhothaï, à vélo. La culture du riz, l’élevage des coqs de combat, le labourage des champs de tabac, la découpe des noix de coco à coup de machette, le système d’irrigation, la fabrication du whisky à partir de riz fermenté, le séchage du chilli (piment rouge) sur le sol, et les chemins qui longent la rivière et sillonnent la campagne n’ont plus de secret pour nous.

Durant ces journées nous avons aimé l’intérêt des enfants pour la nouveauté (Timéo est toujours prêt à tout expérimenter), leur gaité, leurs bavardages incessants (quoi que), leur spontanéité, leur insouciance, leurs câlins !

 

La suite

Nous passerons trois jours à Sukhôtai en compagnie de Bernard et Anne-Chantal, avant leur retour vers Bangkok, puis Embrun. De notre côté nous repartirons à quatre vers une destination qui reste à préciser (probablement Chiang Maï, ou directement le Laos).

                                                                          ……………….

3 501 km

Sukhothaï, Dimanche 04 Novembre – 12h23, 32°C

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Hervé GASDON
1 year ago

Bravo, quel beau voyage. On attend les grands parents mais peur être qu'ils ne sont pas pressés de rentrer !
Grosses bises.
Hervé

Blandine Destombes
1 year ago

Gardez bien le tracé de vos pérégrinations, quand je serai plus jeune, j'irai sûrement dans ces villages perdus. Mais d'abord apprendre le thaï .😊
De sourires en signes amicaux, de photos en hellos, vous continuez à découvrir l'humanité simple et bienheureuse semble-t-il, près de la terre et des animaux. En sera-t-il de même pour la suite?
C'est là qu'à la fin de l'épisode il est écrit "à suivre", et nous restons haletants et rêvant d'une belle suite, dans d'autres couleurs et d'autres rythmes.😉 Merci pour le feuilleton "des racines et des pédales"
Bises fraîches et humides d'un automne qui se retire vers l'hiver.

Vincent
1 year ago

C'est en regardant la neige tombée par la baie vitrée que nous lisons votre aventure de la semaine. 33°C... Ça fait rêver ! Continuer à nous envoyer de belle photo et un peu de chaleur !

Guillaume & Co
1 year ago

3 500 km !!! Plus de 2 A/R chez Mandik !! plus de 14 fois le tour du luberon !
Et, après une pause d'1 semaine, vous y retournez avec envie !!
"Lao Tseu l'a dit : Il faut trouver la voie", on est heureux de voir que vous l'avez trouvé.
Profitez à fond.

Jessica
1 year ago

Bravo pour l'étape record ! Votre prochain défi est-il de vous délester de vos valises et vos chaussures ?
Bravo aussi aux grands parents qui se sont adaptés à merveille on dirait !
bises

Marek i Mirka (Mototroter)
1 year ago

Great trip. We are still watching you. Good luck.