S26 – A l’approche de la mer, en territoire Khmers

Notre route se poursuit vers le sud, nous amenant à découvrir les petites pépites d’une campagne au patrimoine antique remarquable. Bientôt la fin d’une longue et belle traversée de la Thaïlande, et l’arrivée sur le littoral du golf de Thaïlande.

Les temples khmers

A l’approche de la frontière cambodgienne, nous entrons en pays Khmer. Les Khmers sont issus de l’un des plus vieux groupes ethniques de la région, arrivé il y a plus de quatre mille ans depuis la Chine.

Comme bon nombre de civilisations, l’histoire khmer a connu des heures de gloire (l’Empire khmer ayant dominé une large partie de l’Asie du Sud-Est), puis fut disputé par le Royaume de Siam (actuelle Thaïlande).

Ils ont laissé un patrimoine fascinant, notamment aux alentours du célèbre Anchor Wat. Pour notre part, nous avons visité “Prasat Phnom Rung” et “Prasat Muang Tam“, datant respectivement des Xème et XIème siècle. On est tout de suite marqué par ces constructions constituées de blocs de pierre taillée. Taille permettant un assemblage centimétrique des pierres constitutives de la structure, mais aussi gravées dans la masse de nombreux motifs, parfois très fins.

5 000 kilomètres

A mi-chemin entre Buriram et Chantaburi, nous passons le cap symbolique des 5 000 kilomètres. L’occasion de faire un petit bilan de “mi-parcours” (même si nous n’atteindrons probablement pas les 10 000 km).

Nous avons traversé 11 pays, perdu 13 kilos de masse corporelle (les deux adultes), grimpé 3,7 fois l’Everest (32 795m de dénivelé)… mais surtout, vécu une diversité d’expériences et de rencontres d’une rare intensité.

Nous avons beaucoup aimé la partie asiatique de notre voyage, même si tout compte fait le chapitre européen & proche-oriental de notre périple nous a semblé plus aventureux, et peut-être légèrement plus authentique. En outre, la géométrie de notre parcours asiatique (en boucle) nous a probablement contraint dans une diversité de paysages et de cultures moins importante que celle rencontrée sur la diagonale Embrun/Istanbul.

Un bout de regard (ou d’ouïe ?) sur la Thaïlande

Plus nous passons de temps en Thaïlande, plus la complexité et la profondeur de ce pays nous apparaît. Au premier regard on pourrait avoir tendance à penser que la culture et les loisirs se sont ici structurés autour du tourisme occidental.

Et bien entendu c’est faux. La Thaïlande n’est pas un pays au patrimoine antique figé, civilisé par des décennies de tourisme de masse. Ça semble évident, mais on se surprend parfois à comparer les pays avec un poil de condescendance.

Ici le cinéma, les scènes musicales, le street-art… sont très actifs. Cette semaine nous voulions vous faire découvrir un bout de Thaïlande mainstream, mais local… avec un tube de musique qu’on a entendu des dizaines de fois dans des cafés ou restos.

D’aucuns diront qu’il s’agit là d’une énième soupe pop à la sauce “émo”, mais comme toutes les soupes, c’est en en mangeant maintes et maintes fois qu’on y prend goût… (attention à l’indigestion tout de même, si le plat est peu digeste il faut y aller par petites doses 😉  ).

Fermez les yeux et imaginez le crooner thaïlandais aux cheveux longs…

Warmshower à la Thaïlandaise

Tout proche de la frontière cambodgienne, à Aranyaprathet, nous sommes accueillis par Di, hôte Warmshower. Elle nous prête pour la nuit une petite maison traditionnelle en bois, sur pilotis, et nous accueille les bras chargés de caramboles (fruit exotique) et de gâteaux.

Le soir elle nous invite à partager un repas composé d’une multitudes de plats typiques. Elle nous raconte sa vision de la Thaïlande, son infini respect pour le roi, sa détestation d’une nouvelle élite qui voudrait se calquer sur le modèle français et “le sort réservé à Louis XVI”.

Nous ressentons une petite gêne lorsque nous nous apercevons qu’elle connaît bien l’échiquier politique français (comme de nombreux Thaïs), alors que nous ne connaissons même pas le nom de son roi (un peu comme des Américains vis-à-vis de l’Europe).

Avant de nous quitter, Di nous confie avec une pointe d’amusement être une “mauvaise” bouddhiste car elle ne va pas souvent au temple. Mais selon elle, bouddha est partout, et sa philosophie de vie est simple et belle : être bienveillant envers les autres, leur apporter soutien et aide si nécessaire ; philosophie dont elle nous a fait une belle démonstration par son accueil.

Campagne thaïlandaise

Les Thaïlandais, et surtout les Occidentaux émigrés de longue date, vantent souvent l’absence de régulation “castratrice”, à l’Européenne. On le sent clairement dans les possibilités d’entrepreneuriat, chacun pouvant ouvrir sa boutique ou son restaurant sans grandes formalités.

Mais c’est une autre forme de facilité d’action qui nous a interpelés cette semaine. Alors que nous roulions sur une petite route de campagne à la circulation paisible, nous nous retrouvons soudainement à rouler au milieu de deux énormes tranchées de terre retournée et déforestée. Nous comprenons rapidement que les travaux concernent la construction d’une 2×2 voies, comme il y en a tant en Thaïlande.

Ca nous interpelle, quand on vient de France où l’élargissement d’une route peut faire l’objet de dizaines d’années de débats publics (ex. requalification RN 75). Et même s’il faut avouer qu’il est plutôt confortable de rouler sur des routes aux  larges “shoulders” (pas de risque d’être frôlés par les véhicules), la déforestation brute est toujours désolante.

Les enfants

Six mois de voyage, c’est une éternité pour un enfant de cinq ou six ans. Timéo et Eglantine ont bien changé et la timidité des débuts a fait place à une plus grande confiance en eux. Ils sont souvent interpelés par des adultes qui leur posent des questions en anglais, auxquelles ils répondent avec plaisir. Timéo est alors fier de raconter notre voyage à vélo avec les quelques mots et phrases qu’il maitrise.

Tout au long de notre périple, les enfants poursuivent leur programme scolaire. Nous mettons à profit les opportunités du quotidien pour faire l’école : la salle de classe prend alors la forme d’un bateau, d’un café, ou encore dernièrement d’un lavomatique !

Et les progrès sont là, notamment en lecture pour Timéo (il est fan de la collection “la cabane magique”). Nous mettons désormais l’accent sur l’anglais, dans l’espoir de pouvoir les scolariser en Australie.

Cette semaine nous avons passé une nuit dans une ferme pour la plus grande joie d’Eglantine. Les enfants ont pu rentrer dans le pré des chèvres et moutons, observer les buffles de près (impressionnants bestiaux !), et même nourrir les petits chevreaux au biberon. Un bon moment pour toute la famille.

Chanthaburi

A l’approche de la côte du golf de Thaïlande, les têtes blanches & grandes silhouettes des occidentaux réapparaissent, les infrastructures touristiques se font plus nombreuses, et les prix grimpent d’un cran.

Chanthaburi est une petite ville plutôt sympathique, qui accueille un tourisme mixte (Thaïs et étrangers). A l’instar de Chiang Maï, on y trouve de jolies petites rues encore “dans leur jus”, et quelques balades piétonnes au bord de l’eau, éloignées de la circulation (ce qui n’est pas toujours évident en Thaïlande).

Au couchant, une centaine de personnes se rassemblent sur une esplanade du parc municipal pour pratiquer une sorte de gym synchronisée. Pas très loin, des coureurs terminent leur footing par une prière/méditation, les mains jointes face au derniers rayons du soleil, la peau encore luisante de transpiration… Une image que l’on gardera de la sérénité à l’asiatique.

La suite du voyage

La fin de notre séjour sud-asiatique s’annonce. Nous longerons cette semaine le littoral pour rejoindre Rayong ou Pattaya, puis nous nous rapprocherons de l’aéroport de Bangkok en train afin de préparer et packer les vélos.

——- Changthaburi ——-

——- Eco-ferme (guest-house) ——-

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5 237 km

Chanthaburi, Mardi 31 Janvier – 19h59, 27°C