S36/S37 – Tasmanie: vent, froid, pluie.. et chaleur humaine

De Geelong à Devonport
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Petite île du bout du monde, la Tasmanie s’illustre par un accueil incroyablement chaleureux de sa population. Nous pédalons dans une campagne agricole et collineuse pour atteindre la côte sud, et découvrir enfin les surprenants écosystèmes des montagnes.

The Spirit of Tasmania

Notre périple Tasman commence par une traversée de dix heures en ferry, du Détroit de Bass. On y trouve un confort bienvenu après deux semaines de camping, et savourons les fauteuils larges et confortables (c’est la magie du vélo-voyage, un rien devient précieux).

Les enfants sont tout excités et ne tardent pas à découvrir les bornes de jeux en libre-service, où ils s’essayent à Sonic. Un petit flashback au début des années 90’s pour le papa qui n’a rien perdu de sa dextérité légendaire 😉

Plus tard, on s’offre même une séance de cinéma (“Puss in boots”), qui occasionnera quelques belles frayeurs à Eglantine. Cette traversée est donc pour nous une petite bulle de confort et de loisirs modernes, bienvenue entre deux bouts d’itinérance vélo.

Des Australiens le cœur sur la main

A chaque étape nous rencontrons des Australiens bien sympathiques. Parfois des vacanciers, parfois des locaux, toujours des gens prêts à discuter, à partager une bière, ou à nous aider si besoin.

Comme le jour où j’ai cassé deux rayons qu’on ne pouvait pas remplacer car nous n’avions pas de “fouet à chaine” (pour démonter la cassette). Grant m’a très spontanément proposé de m’emmener avec ma roue à la ville voisine pour trouver un bike shop. Ce Sydnéen a ainsi passé trois heures de ses vacances à me conduire et me ramener, ce qui nous a sacrément dépanné et permis de reprendre la route le jour même.

Une autre fois, alors que nous roulions dans la nuit et qu’il nous restait une dizaine de kilomètres sur une route pas très “safe” pour finir l’étape, Amanda fait appel à son voisin pour charger nos vélo sur son pick-up. Nos réserves d’eau et de nourriture étant à sec, il n’était pas envisageable de bivouaquer (et d’expérience, trouver une place de bivouac de nuit n’est pas toujours facile).

Et beaucoup d’autres personnes rencontrées nous accordent des petites attentions, nous offrent des cadeaux alimentaires, ou nous donnent leur contact en cas de pépin.

La campagne tasmane

Nos premières journées de vélo nous amènent à traverser une partie agricole et collineuse de la Tasmanie. Nous y croisons des milliers de vaches et de moutons, dans des paysages rappelant parfois certaines parties de la campagne française.

Nous faisons étape dans des petits villages et pour la première fois en Australie, nous nous accordons quelques étapes “en dur”. Il fait souvent froid le soir, et les journées sont courtes à notre latitude.

La Tasmanie est connue pour sa nature prolifique, mais ce qui nous marque en premier lieu en est une facette moins charmante : une quantité astronomique de cadavres de marsupiaux qui jalonnent les routes (parfois tous les 50m). Une véritable boucherie ! On a le droit à tous les stades de décomposition, depuis le wallaby fraichement percuté, jusqu’au squelette bien nettoyé, en passant par ceux dont la putréfaction dégage une odeur de mort à plusieurs dizaines de mètres à la ronde.

Nous finissons notre traversée de l’île par une région plus collineuse et forestière où les maisons des rares villages se comptent sur les doigts d’une main.

Accueil chez Grégoire et Dorothy

Alors que nous approchons du sud de l’île et de la destination que nous nous étions fixée (Hobart), une météo grincheuse se confirme pour les jours à venir. Mais heureusement un contact Warmshower nous propose de venir passer quelques jours chez lui, à Hobart.

C’est Grégoire qui nous accueille dans sa belle et vielle maison d’architecture victorienne. C’est un personnage marquant : généticien des arbres, cycliste du quotidien et des longues distances, marin bénévole sur un beau trois mâts, grand sachant d’histoire-géo, bon cuisinier, polyglotte (anglais, polonais, français, espagnol et portugais)… bref un gars passionnant !

Son job consiste notamment à conseiller différents organismes (dont l’INRAE) sur leur stratégie de sélection génétique pour la sylviculture (en gros, comment sélectionner des arbres qui poussent vite et bien). Nous apprenons que les exploitations forestières de chaque région ont des enjeux différents car exploitent des espèces différentes. Mais avec le changement climatique, ces stratégies de sélection de long terme pourraient bien être remises en cause…

Grégoire en connait un rayon en forêts, et on se passionne par exemple à en apprendre un peu plus sur les différentes stratégies adaptatives des espèces d’eucalyptus pour faire face aux incendies : certains arbres résistent aux feux, tandis que pour d’autres c’est la semence qui est très bien protégée dans une capsule et l’arbre ne résistera pas. Difficile d’aller ici plus loin dans le détail, mais c’est toujours incroyable de découvrir les stratégies adaptatives que le vivant déploie (quand il en a le temps).

Hobart, Convicts & Mount Field National Park

La ville d’Hobart fut fondée au tout début du 19ème siècle pour revendiquer les couleurs britanniques face aux explorateurs français qui naviguaient dans la région. La ville se développa notamment avec la déportation des condamnés britanniques.

Nous avons d’ailleurs pu visiter Port Arthur, l’un des pénitenciers historiques du 19ème siècle. Pour le vol de quelques £, des hommes, femmes et enfants se retrouvaient déportés à vie dans des conditions de détention sordides.

Hobart est donc notre base pour quelques jours de découverte de la Tasmanie du sud. Et c’est aussi de là que nous partons pour notre plus belle randonnée depuis le début de notre voyage. Le Mount Field National Park nous a dévoilé des biomes que l’on croirait tout droit sortis de la préhistoire ou du film “Avatar”.

C’est dans cette forêt que l’on trouve les plus grands arbres à fleurs du monde (atteignant 99,4m de haut), et c’est sur les sommets de ces montagnes que l’on voit des genre de “yuccas” préhistoriques.

Devonport

A notre retour à Devonport (avant de reprendre le ferry), nous sommes gracieusement invités et hébergés par Dylan, Rebecca, Rob & Helene. Nous les avions rencontrés tout à fait par hasard, à un café, le jour de notre arrivée en Tasmanie (deux semaines auparavant).

Une fois de plus l’accueil australien est juste incroyable ! Nous sommes logés dans une belle maison au bord de la mer, où les roches granitiques rappellent vaguement la côte bretonne (si on oublie les wallabies et le bush).

Nous sommes particulièrement touchés par la démarche de Dylan et Rebecca, qui sont “foster parents” de jeunes jumeaux âgés d’un an, retirés de leurs parents biologiques pour cause de maltraitance (milieu social sordide : alcool, drogues et violences). Leur implication est impressionnante et ils se réveillent encore trois fois par nuit pour s’occuper de ces “kids” qu’ils espèrent désormais pouvoir garder. Un investissement émotionnel d’une rare intensité…

La suite

Demain nous réembarquerons à bord du “Spirit of Tasmania” pour un retour progressif vers Melbourne, où nous “packerons” nos vélos pour notre avant dernier vol, destination : Osaka !

—— Mont Field National Park ——

—— Chapicouac ——

——- Hobart ——-

——- La Mer ——-

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6 311.7 km

Devonport,  Jeudi 13 Avril – 23h28, 12°C

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dianoux martine et bernard
1 year ago

superbe ces photos je l'ai transmet à arno qu a résidé à hobart en attendant d'embarquer pour l'antarctique sur l'astrolabe pour durmont d'urville. Bravo et au plaisir de vous croiser à votre retour

Hervé GASDON
1 year ago

Encore merci pour le partage de votre voyage qui nous permet, à partir des Hautes-Alpes, de s'évader. Et puis il y a des forestiers partout !!!! Bises Hervé

Hugou
1 year ago

Bonjour Merci encore quelques photos superbes...une vrai évasion bises à vous 4. Pour nous c est les vacances de pâques qui commencent on part en famille en Italie 5 terres, Florence,sienne pise...

véronique
1 year ago

Alors moi je croyais que le voyage à vélo c'était du slow travel, et je m’aperçois que je n'arrête pas de courir derrière vous. Vous êtes impressionnants; Impressionnants dans vos découvertes géographiques, botaniques, animal et tellement étonnants dans vos relations humaines. A travers vos récits on a l'impression qu'en fait la terre n'est peuplée que d'hommes généreux. Que çà fait du bien! Est ce qu'il faut aller à l'autre bout du monde pour prendre conscience de çà? heureusement vous êtes là pour en témoigner.
Merci.